J'AI TROP LONGTEMPS AIMÉ LES VIEILLES
J'ai trop longtemps développé une affection étrange pour les vieilles dames qui aimaient à venir m'écouter lire à mes débuts. Je me produisais parfois en leurs appartements des quartiers chics et me faisait déjà payer généreusement. Mais les vieilles se lassent vite du doux oiseau de la jeunesse et le jalousent. Peu à peu leurs exigences n'ont d'égal que leurs caprices. Elles deviennent irascibles, caractérielles, têtues, sournoises, et toute cette débauche débouche inéluctablement vers un sale caractère qui sonne le glas de leur chute finale.
Dans la nouvelle "Le crime russe" d'Alphonse Allais que j'ai lue au 1er Congrès Francophone sur la Fragilité des personnes âgées de Montréal, on sent, à entendre mon interprétation, que le goût pour la gérontologie m'a définitivement quitté.
"Il ne faut pas fâcher les vieilles dames; ce sont elles qui font la réputation des jeunes" (Laclos) mais "Il vient si vite, le moment où l'on n'a plus rien à attendre, où le corps est figé dans une immobilité qui ne promet plus de surprises, où l'on perd toute espérance" (Proust).
Écouter le texte : http://www.youtube.com/watch?v=PTYz5WCC4Rw
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