L’autre Simenon de Patrick Roegiers publié aux éditions Grasset sort en librairie le 26 août 2015. L’éditeur Jean-Paul Enthoven (père de Raphaël) a-t-il lu avec attention tout l’ouvrage qu'il publie ? Voici un passage (situé page 86 et 87) qui laisse songeur…
« Georges [Simenon] l’avait enfoui [la montre de son père] dans sa poche et il avait profité de ce cadeau funèbre, qui rappelle que le temps toujours est compté, que la vie soit bonne ou mauvaise, pour s’offrir une passe dans un bordel à deux pas de la gare et tirer un coup à son tour avec une superbe négresse, à la peau d’ébène, aux babines épaisses et aux cheveux crépus, à la voix vaginale et à la vulve velue, aux aisselles odorantes comme du cacao et aux fesses en celluloïd rondes comme des mappemondes.
Et il s’était enfoncé au cœur du continent noir, forêt vierge, savane herbeuse, brousse touffue, jungle fournie où gisait le diamant d’ébène. Georges n’était pas négrophile, mais il aimait cette race inférieure et pendant deux ans, de 1925 à 1927, il avait eu une liaison amoureuse avec Joséphine Baker, la vedette de la Revue nègre, aux grosses lèvres peintes en rouge et au teint chocolat, aux cheveux courts collés à la gomina et aux interminables jambes en caoutchouc, qui grimaçait et gonflait les joues comme une guenon, s’exhibait seins nus (la bestialité animale n’est jamais loin), vêtue d’un pagne de bananes en peluche qui se balançait en cadence, exécutait sa danse sauvage en se déhanchant et se trémoussant sensuellement, et sortait de scène à quatre pattes en poussant de petits cris d’une voix perçante, les fesses plus hautes que la tête, la croupe saillante, agitée de trépidation lubriques et frénétiques. »
Et il s’était enfoncé au cœur du continent noir, forêt vierge, savane herbeuse, brousse touffue, jungle fournie où gisait le diamant d’ébène. Georges n’était pas négrophile, mais il aimait cette race inférieure et pendant deux ans, de 1925 à 1927, il avait eu une liaison amoureuse avec Joséphine Baker, la vedette de la Revue nègre, aux grosses lèvres peintes en rouge et au teint chocolat, aux cheveux courts collés à la gomina et aux interminables jambes en caoutchouc, qui grimaçait et gonflait les joues comme une guenon, s’exhibait seins nus (la bestialité animale n’est jamais loin), vêtue d’un pagne de bananes en peluche qui se balançait en cadence, exécutait sa danse sauvage en se déhanchant et se trémoussant sensuellement, et sortait de scène à quatre pattes en poussant de petits cris d’une voix perçante, les fesses plus hautes que la tête, la croupe saillante, agitée de trépidation lubriques et frénétiques. »